« Sans commentaire ! », elle est noire et surtout pas « black ». Française et non plus Française d’origine sénégalaise. Rokhaya Diallo est très attentive aux mots et chasse les préjugés ethno-raciaux qu’ils véhiculent. Sa méthode ? L’humour et l’ironie. A trente ans elle est et responsable d’achat des programmes d’une chaîne de télévision du câble et présidente (fondatrice) de l’association antiraciste des Indivisibles.
Née à Paris, de parents immigrés dans les années soixante-dix, Rokhaya grandit à
Brillante élève, Rokhaya Diallo étudie le droit à Assas. En 2000, elle intègre une école de commerce et obtient un master en marketing dans l’industrie audiovisuelle. A la fin de ses études elle s’aperçoit que « chez la plupart de [ses] interlocuteurs, le fait d’être noire et d’origine populaire posait problème. Leur regard [l’] associait à un imaginaire et des stéréotypes gênants ». Révoltée, qu’on ne l’aborde « avant tout [que] comme une noire », Rokhaya choisit le combat.
Suite à son passage tremplin, à la présidence du conseil local de la jeunesse à
Pour Rokhaya il y a un problème d’ « ignorance ». Il faut réveiller les consciences. Son action se veut pédagogique et s’étend aux entreprises et aux écoles. Elle souhaite travailler sur les manuels scolaires pour évacuer des représentations parfois trop blanches. Mais pas seulement. Elle veut aussi s’attaquer aux préjugés qui se construisent chez les jeunes des banlieues. Ceux là aussi il faut les éduquer. « Eux aussi véhiculent des clichés : celui du Français blanc, riche et parisien par exemple ». De part et d’autre se mettent en place des représentations de « l’autre ». Son association mène « des actions préventives » qui s’adressent à tous.
Rokhaya veut en découdre avec « ces raccourcis [qui] sont aussi idiots que néfastes dans l’inconscient collectif ». Pour faire passer son message, elle mise sur le web. Ses moyens ? Des dessins animés, des textes et une charte drôle et très ironique. Les Indivisibles manient l’absurde avec humour : « Le mot noir est garantit 100% sans danger. Il fait même partie des mots les plus sûrs de la langue française après les mots tarte aux pommes et rhododendron ».
Fan de Gad Elmaleh, nourrie à
Elle prend un air désolé lorsqu’elle raconte la difficulté de son frère, diplômé en chimie et qui peine à trouver un travail. Confronté tous les jours à des contrôles policiers, parfois provocateurs. Son père ouvrier et sa mère styliste ne comprennent pas cette situation. Ils n’avaient pas ce problème d’identité, eux, ils se disaient qu’ils n’étaient pas « chez eux ». Tandis que leur fille appel à cesser « de considérer l’identité française comme quelque chose de monolithique ». Elle lui appartient à elle aussi de se sentir Française. Eduquée dans les valeurs de
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