10 mai 2009

Le génocide arménien dans un roman syrien


Dans Tiflat Alkoulira [« La fillette du choléra »], l’écrivaine syrienne Marie Richou, revient sur l’épreuve terrible du peuple arménien.


Partant de 1890, début de la prise de conscience « indépendantiste » arménienne (dans l‘empire ottoman), elle recense les évènements clés de cette histoire jusqu’au début de la première guerre mondiale, paroxysme du génocide arménien.

A travers le personnage d’Archa, Marie Richou décrit la déportation de femmes, d’enfants et de vieillards jetés sur les sentiers de l’exil criminel. Traquée par la faim, la soif, la maladie et la mort menaçante, Archa confie sa fille à une dame arabe afin de la sauver. Mais les circonstances jetteront dans ses bras la fille d’une autre femme, qui a perdu ses enfants à cause du choléra et son mari (un Aga arménien), tué par les Turques. Des années après les massacres, naît à Alep en Syrie, Laura, la petite fille d’Archa. Elle découvre ce qui s’est passé à travers les souvenirs de sa grand-mère qui raconte cette réalité comme si elle n’était pas la sienne. Dérangée par l’inconscience d’Archa, Laura confronte ses dires aux livres et aux documents historiques pour en tirer la vraie réalité. Marie Richou utilise, ici, le dialogue entre son héroïne Laura, son père et son oncle pour explorer les conditions des déportations et des massacres perpétrés par les Turcs. Le père et l’oncle jouent le rôle des « avocats du diable » cherchant à justifier le passé et exprimant le point de vue turc.

Pour May Bassil du quotidien Al Hayat, l’agencement rationnel des évènements historiques dans ce roman est doté d’un joli souffle narratif et d’une belle langue. Cependant, la critique pense que l’œuvre aurait été d’un rang plus élevé, si l’auteur avait su lier le présent à ce passé que le bourreau tarde à reconnaître.


Marie Richou, Tiflat alkoulira [« La fillette du choléra »], Dar Alsaqi, 2008.

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